Je ne suis pas Charlie

Je ne suis pas Charlie

            Je suis ce Charlot ou cette Charlotte sans fraises qui a fait cette révolution sur les réseaux sociaux alors que la société glisse sous nos fenêtres, aussi terrifiante et immorale soit-elle. Je suis ce Charlot qui n’ait jamais pris un pavé à jeter dans la mare mafieuse qui gouverne la planète, qui ait justement pensé qu’un stylo et quelques brulots sur un blog pouvaient influer les esprits attentifs et prêt à en faire quelque chose de concret.

          L’encre est belle, l’intégrisme, le nazisme défile sous nos pavés de sang. Je suis de ces abrutis qui n’ont pas eu le courage de prendre parole publique contre les injustices, préférant polémiquer au comptoir, à subir l’introduction anale de l’état et de ses tendances fascisantes mondiales. Je ne suis pas de ceux qui portent ce badge d’être Charlie alors que ces mêmes journalistes ou pseudo-intellectuels fusillaient certaines de leurs couvertures invoquant les limites de la liberté d’expression, et qui, aujourd’hui, un stylo ou une bougie à la main, se sentent subitement indignés. Je ne suis pas de ceux qui tendront le bras au ciel le jour venu ou la quenelle sera passée de mode.

           Charlie, je t’aime, tu as bercé mon éducation avec ton pote Choron, vous m’avez donner le sens du mot liberté, la haine du fascisme et de l’imbécilité, la haine du troupeau et l’amour de la meute. Tuer des dessinateurs, c’est casser le trait qui glisse sur le papier, c’est assécher l’encre d’un Montblanc en plein élan, c’est vider les mots des bulles d’une bande dessinée. Le néant, l’horreur, la victoire de la terreur. Le terrorisme est présent, deux simples frères ont les moyens e mobiliser l’opinion mondiale. Ils auraient pu être vos voisins, votre épicier du coin, on peut sortit acheter une baguette tous les jours, une Kalachnikov sous la djellaba, mais avec le sourire. L’horreur n’a pas de nom ou alors indifférence, celle qui permet qu’un acte isolé fasse autant de morts, de familles déchirées. L’horreur, c’est l’ultralibéralisme, celui qui permet d’héberger Kadhafi dans la cour de l’Elysée, de signer des contrats divers avec des dictateurs, et de voter des lois protégeant ce genre de boucherie. Le mouton est dans la bergerie, tout est sous contrôle, nous sommes tous Charlie, d’accord, mais soyez le alors afin que des victimes ne meurent pas de nos lâchetés à ne descendre dans la rue qu’après les massacres.

          Le vrai massacre c’est le malaise que vous ressentez tous à vivre dans un modèle de société désuet et sur le déclin. Toutes les solutions sont sous vos yeux, sortez du troupeau, si vous voulez être Charlie, soyez le pouvoir…

          L’esprit n’est pas une émission de télé, ou un journal d’info élaboré comme un talk-show, pour vous détourner de l’essentiel. Les musulmans sont respectueux, descendez dans les rues pour des choses utiles, tout est à gagner avec du courage et de la détermination. Sincères condoléances aux familles des victimes, mes amis d’enfance, de ceux qui m’ont permis de ne pas être un mouton.

                                          Scal